Frederique Vezina

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Mon petit démon

La semaine passée en zappant, je suis tombée sur le film Bobby Jones : Stroke of Genius (Bobby Jones : Naissance d’une légende) et je me suis surprise de le visionner jusqu’à la fin. 

Bobby Jones est un joueur de golf américain qui a poursuivi des études en droit et en ingénierie durant sa carrière. Il a dominé la compétition amateur et battu de nombreux joueurs professionnels de renom. Jones a remporté 4 fois l’US Open, 3 fois le British Open et 5 fois le championnat amateur des États-Unis de 1923 à 1930. À sa retraite, il a entrepris la conception de l’Augusta National Golf Club qui a fondé l’année suivante le tournoi des maîtres. On l’a reconnu comme un joueur humble avec un bon esprit d’équipe. Motivé par l’amour du sport, il n’a jamais voulu jouer au niveau professionnel, pour éviter la corruption. Bref, une personne inspirante !

Quelques citations du film ont retenu mon attention :

‘‘I never learned anything from a match that I won.’’

‘‘Money. It’s gonna ruin sports.’’

‘‘The best exercise for golfers is golfing’’

"Good judgment comes from experience, and a lot of that comes from bad judgment."

‘‘The real way to enjoy playing golf is to take pleasure not in the score, but in the execution of strokes.’’

Adaptées, ces citations sont applicables de proche ou de loin à des situations que je vis à travers le ski et la vie en général. J’aime faire des liens entre les sports pour m’aider à encore mieux comprendre le mien. Étant loin d’être une golfeuse, je suis surprise de pouvoir faire des parallèles ici. La citation sur laquelle je m’attarde aujourd’hui est celle-ci:

"Competitive golf is played mainly on a five-and-a-half-inch course, the space between your ears."

Le golf de compétition se joue surtout sur un parcours de 5 pouces et demi, l’espace entre vos oreilles.’’

C’est bien beau avoir du talent et développer de la force, mais pour atteindre les plus hauts sommets dans un sport et dans la vie il faut bien plus, il faut une volonté incroyable, être obstiné et assoiffé du désir de performer et de réussir à la limite de la folie.

Oui, on s’entraîne pour se sentir bien dans notre peau, pour être en forme et en santé, mais rendu à un certain niveau on ne se satisfait plus que de cela. On veut repousser les limites de nos limites.

Ça se passe pas mal entre les deux oreilles. Notre petit démon intérieur qui a une grosse tête dure n’y est pas pour rien, et il peut faire ressortir de très belles choses en soi. C’est la petite voix qui me dit qu'il me reste encore de l'énergie dans la ''tank'' et que je peux encore pousser plus fort même si je suis déjà à fond à l’entraînement ou en compétitions. C’est la même voix bien ‘’willing’’ / avide qui te parle et te motive à finalement te lancer en affaire, à partir le nouveau projet dont tu parles depuis longtemps ou de partir en voyage sur un coup de tête.

Dans mon cas, en ski, cette voix, il faut que je l'écoute quand elle me dit que je suis capable de pousser plus fort, pendant plus longtemps, qu'elle me dit que je vais être capable d’endurer, de récupérer, que mes muscles sont assez forts et qu’ils ne lâcheront pas, que je peux encore me faire un peu plus mal pour me dépasser au max même si mon corps semble à bout de souffle. Une chance que je l’ai, elle est indispensable à mon dépassement personnel ; elle nous aide à faire un pas de plus dans la bonne direction.

C’est un allié précieux. J’ai appris à le nourrir, à l’apprivoiser, à lui fermer le clapet aussi et surtout travailler avec parce qu’il aide à faire la différence autant à l’entraînement qu’au moment où ça compte pour vrai. Il peut être motivant à bien des niveaux. Grâce à lui, ce qui est difficile et semble inatteignable devient contre toute attente si attirant !

Notre corps et notre âme ne sont pas, à la base, programmés pour ce que le démon dicte. La zone de confort, elle, délimite bel et bien ce que l’humain est capable d’endurer normalement. Malheureusement, selon moi, il n’y a pas grand-chose d’excitant dans cette zone et c’est assez rare qu’un objectif s’y retrouve, ce serait bien trop facile ! Il faut puiser jusqu’au plus profond de soi-même et tester nos limites, c’est-à-dire aller bien au-delà de ça.

Des fois, c’est à la limite de l’inhumain. Quand c’est rendu qu’on s’écrase par terre après une course ou un entraînement dur de course à pied ou de ski, quand on a les jambes qui tremblent après un entraînement dans les escaliers, quand certains vomissent après un effort intense (celui-là est encore sur ma liste de chose que je veux accomplir), quand on pousse au max jusqu’à en voir des étoiles, c’est signe que le petit démon a fait sa job. Il faut prendre des risques, il faut se lancer, il faut tout donner pour espérer un jour obtenir un résultat à la hauteur de nos attentes.

D’ailleurs, c’est pourquoi le démon tolère la douleur et le stress beaucoup plus que l’autre voix angélique souvent plus facile à écouter qui dit que c’est assez et que ce serait le temps de prendre une pause melon d’eau.

Bien sûr, il faut apprendre à écouter cette 2e voix au moment opportun. Parce que je ne l’appelle pas le démon pour rien. L’acharnement peut créer l’effet inverse ! Il y a donc quand même un juste équilibre à maintenir entre notre petit ange et notre démon.

Avec le temps, mon petit démon m’a convaincu et m’a donné soif de toujours en vouloir plus, vouloir : skier plus vite, lever plus de poids au gym, courir plus vite, faire plus de podiums, skier mieux techniquement, avoir de meilleures notes, voyager plus, aimer plus, explorer plus, m’amuser encore plus, etc. et c’est comme ça que je finis par voir une progression. Ce qui fait la beauté de la chose, c’est que c’est un processus sans fin parce qu’il y a toujours quelque chose à améliorer.

C’est dans la douleur, le bonheur de bouger, de me pousser à bloc, dans la liberté de faire ce que j’aime et le bien-être que tout cela me procure que je retire du plaisir, de la satisfaction et mon équilibre. Oui c’est un peu maso. Le pire, c’est que je n’aime pas ça, j’adore ça. Je ne ferais rien d’autre au monde en ce moment.

Bref, il faut être un peu fou pour aimer s'entraîner et s’investir autant !

Par contre, il n’y a rien comme le sentiment d’accomplissement quand physiquement et mentalement tout est au top, que la recette est gagnante et que tu exploites ton plein potentiel. C’est un moment euphorique, difficilement descriptible, où on arrive même à oublier les embûches rencontrées (et je parle par expérience). C’est pourquoi je suis prête à serrer la main du démon et travailler conjointement avec lui pour ressentir cette sensation à nouveau.

Bref, quand tout est aligné et que tu y mets les efforts, c’est dans l’espace de 5 pouces et demi entre tes oreilles que ça se passe. Il faut vouloir, mais il faut aussi croire en ce qu’on entreprend.

Moi j’y crois.                                               

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