Frederique Vezina

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Faut souffrir... pour aller vite cet hiver!

J’avais 5 fois 2 minutes comme séance sur mon programme d’entraînement cette journée-là. Cinq fois 2 minutes le pied dans le fond, sans retenu dès le début comme si chaque intervalle était le dernier. 

C’est court pour moi 2 minutes. Je voulais du nouveau? En v’là! Maintenant ce n’est plus le temps de se poser des questions, juste courir le plus vite possible. Comme si j’avais un lion qui me courrait après! Il faisait chaud en plus. J’ai poussé, j’ai poussé fort en titi, tellement que j’ai fini le dernier intervalle plié en deux à chercher mon air, les joues toutes rouges. Quelques minutes après j’ai eu un mal de tête tellement l’effort était intense. Je suis allée me calmer les esprits dans la rivière Jean-Larose; rien de mieux pour se rafraîchir, ramener la température du corps à la normale, enlever une couche de sueur et en plus ça accélère la récupération!

Cet entraînement-là était le dernier d’une série de 5, tous assez intenses, sur une période de 11 jours. En effet, presque une intensité aux 2 jours; c’est ce qu’on appelle un bloc d’intensités dans notre jargon d’entraînement.

Est-ce que je suis folle de me pousser autant à l’entraînement? Oui un peu (beaucoup)! Mais le sentiment de légèreté qui vient après de durs efforts c’est spécial, le rush d’endorphine qui embarque c’est trippant, c’est le cas de le dire! C’est libérateur de se défoncer à l’entraînement autant sur les plans physique que mental, on se sent léger, on ne pense à rien, on est zen, et naturellement 😉!

J’ai l’impression que ce sentiment de devoir accompli, d’avoir tout donné, est plus grand que le mal de jambes, le souffle court et la difficulté de repartir chaque intervalle quand tes jambes brûlent; bref, tous des «feelings» qui ne sont que temporaires. Comme si j’oubliais la souffrance qui vient avec à chaque fois, j’ai toujours envie de refaire des entraînements aussi intenses, surtout que je sais que ça paye l’hiver arrivé!

À quoi ça sert un bloc d’intensités? Pour augmenter la forme tout simplement! C’est une formule que je garde depuis plusieurs années : je fais un bloc de volume en altitude, puis je reviens en basse altitude pour me péter la face aka me faire plaisir et m’époumoner à la course à pied ou en ski à roulettes.

Oui c’est l’fun se pousser à en voir des étoiles, mais cet entraînement-là a un but en particulier : modifier ma capacité aérobie. C’est important et aussi une passion pour moi de comprendre le pourquoi et le comment des choses que je fais alors en gros, ce qui suit explique ce qui se passe physiologiquement dans mon corps quand je fais un protocole d’entraînement en altitude suivi d’un bloc d’intensité à basse altitude.

Récemment je suis allée m’entraîner en altitude à Canmore en Alberta où en 2 semaines j’ai cumulé environ 50 heures d’entraînement pour une combinaison de course à pied, de ski à roulettes et de vélo de montagne. Puis je suis revenue au niveau de la mer au Mont-Sainte-Anne où j’ai réalisé mon bloc d’intensités. Revenir à basse altitude pour faire des intervalles c’est hyper important parce que ça permet d’aller chercher un niveau d’intensité maximal (mes battements cardiaques montent jusqu’à 202 pulsations par minute), ce qui n’est pas aussi facilement atteignable et profitable que s’ils étaient réalisés à plus haute altitude. Comme je l’ai mentionné dans mon article La vie d’en haut, je m’entraîne d’abord en altitude pour booster mes adaptations aérobies, donc pour améliorer mon métabolisme aérobie et en bénéficier pour le bloc d’intensité qui suit.

Ce que ça veut dire en gros c’est qu’en altitude, il y a moins d’oxygène. Pour combler ce manque d’oxygène, mon corps sécrète l’érythropoïétine, une hormone qui stimule mon organisme à produire des globules rouges. Comme les globules rouges transportent l’oxygène et qu’elles sont plus nombreuses suite à mon exposition à l'altitude, il y a donc plus d’oxygène qui arrive à mes muscles. Quand je fais des intensités dans des conditions où l’air contient plus d’oxygène, c’est-à-dire à basse altitude, mes muscles se retrouvent avec davantage d’oxygène. Je peux ainsi tenir plus longtemps une intensité donnée et/ou augmenter mon intensité avant que mon muscle se tourne trop vers une voie alternative qu’on appelle le métabolisme anaérobie, responsable de produire le lactate, et qui peut donner un sentiment de fatigue plus rapidement. En augmentant mon intensité d’entraînement après une exposition en altitude donc, j’optimise les adaptations de mon corps après l'altitude en améliorant naturellement les mécanismes d’utilisation d’oxygène, dont le métabolisme aérobie, que je décris depuis tantôt. De plus, le nombre de capillaires (les petits tuyaux qui amènent le sang aux muscles) augmente aussi pour mieux conduire l’oxygène aux muscles. Après plusieurs expositions en altitude au fil des années, mon corps s’habitue et se rappelle de ces adaptations plus facilement pour utiliser mes muscles plus efficacement à chaque fois, c’est pour ça que c’est payant!

Il y a aussi des études qui disent que les bénéfices de s’entrainer à la chaleur seraient comparables aux bénéfices de l’entraînement en altitude… On dirait bien que l’on retire tous ces bienfaits-là au Québec cet été! Pas mal certaine que le training va être payant pour cet hiver!

Merci spécial à mon coach et kinésiologue Charles Castonguay et notre physiologue François Billaut pour m’expliquer tous ces concepts fascinants et pour toujours répondre à toutes mes questions!

Trop vite pour la caméra...

Je n'ai pas de photo à la course à pied, mais juste un p'tit vidéo pour illustrer un peu de souffrance à l'entraînement...

vimeo.com/191894030


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