Dernière tournée: Lac Mary, Utah
Je pouvais entendre les oiseaux chanter alors que je commençais mon ascension sur le sentier du Lac Mary ce matin. D’abord, j’ai monté à travers plusieurs pistes de ski alpin où des employés travaillaient déjà avec leurs scies mécaniques à préparer les descentes pour l’hiver. J’ai continué et le sentier menait à la forêt où de très hauts sapins s’imposaient à l’entrée, contrastant le ciel presque parfaitement bleu. Comme je marchais et courais, le bruit des travailleurs et des oiseaux de plus en plus rares à une altitude aussi haute devenait de plus en plus lointain, de plus en plus sourd, laissant place seulement au bruit des écureuils furtifs.
Et puis il n’y a eu que le son de mes profondes respirations, mes poumons constamment à la recherche d’air. J’ai regardé autour de moi et j’ai compris que j’étais bel et bien seule. La forêt était tellement calme que ça en faisait presque peur. Tellement tranquille. Quasiment irréel. La grosse paix. J’ai pris le temps de regarder aux alentours alors que je poursuivais ma montée. Rien du tout. Que moi, quelques arbres ayant trop peu d’oxygène et des montagnes. D’énormes montagnes rocheuses: la nature à l’état pure. C’était splendide.
Y avait-il de gros animaux ici? Avais-je à craindre quelque chose, toute seule, sur un chemin nouveau en route vers un sommet inconnu?
J’ai continué ma grimpée en me disant que ça représentait un beau défi. Après tout, j’allais juste avoir une histoire de plus à raconter si tel était le cas. Mes oreilles se sont soudainement raidies au son de voix au loin. Je n’étais pas seule. D'autres pionniers arpentaient le chemin aussi. Ils étaient en train de jaser et ils appréciaient la vue en face du Lac Mary, où l’eau de toutes les montagnes aux alentours se drainait. Trop beau! Un sourire s’est dessiné sur mon visage quand je les ai dépassés. Aujourd’hui allait être une bonne journée. Monter une montagne, apprécier des vues incroyables alors que d’autres sont condamnés à travailler dans un bureau… Et rencontrer des gens qui l’apprécient juste autant que moi.
J’ai dépassé quelques gens après mes premières 30 minutes de silence à contempler la vue. Et puis j’ai dépassé cette dame âgée qui avait près de 80 ans d’expérience. Sac à dos, elle marchait tout comme moi vers le sommet aidée de ses bâtons. Une fois vis-à-vis elle, elle m’a renvoyée le plus beau des sourires et un ‘’Good morning’’ des plus chaleureux! Elle avançait à un bon rythme, à plus de 2500 mètres de haut et elle s’y plaisait pleinement, un beau modèle! Son énergie positive a été hyper contagieuse.
Pas trop longtemps après, le sentier est devenu de plus en plus abrupte. À l’affût, je regardais partout autour de moi pour observer la vue incroyable devant mes yeux. J’ai continué d’avancer de plus en plus vite sachant que la vue allait être encore plus jolie et d’autant plus appréciée à mon arrivée au sommet. À ma grande surprise, le chemin est devenu d’un sable fin très doux et très confortable pour les pieds à mesure que j’approchais de mon objectif. J’y suis finalement arrivée pour me rendre compte que la montagne voisine était encore plus haute.
Je n’avais pas le choix, je devais et voulais vraiment m’y rendre aussi.
J’y suis parvenue quelques minutes plus tard. C’était hallucinant. Ma montre affichait une altitude de 3250 mètres et je ne le sentais presque pas étant donné que la vue avait prise toute mon attention. Un panorama sur 360 degrés de nature à l’état pure : des feuillus dans leurs couleurs d’automne, des sapins, des montagnes rocheuses, des pistes de ski alpin et des montagnes et des montagnes à perte de vue en trame de fond.
À en couper le souffle.
J’en ai même oublié ma peur des hauteurs au sommet de cette immense roche.
J’ai été chanceuse aujourd’hui. J’ai pris beaucoup d’images mentales et de vraies photos. J’ai aussi atteint un autre sommet, question de voir si la vue était plus belle de l’autre côté. C’était plutôt similaire, mais ça prouve assez bien à quel point j’adore ça.
À la prochaine aventure,
Frédérique
